C'est cette vidéo là qui m'a fait sortir de mes gonds, les deux minutes de l'intervention montrent une qualité exceptionnelle d'analyse et de synthèse de la part de la dame au téléphone, des demandes claires et précises, un cri du cœur qu'on ne peut que admirer et respecter, et voilà que notre cher présentateur, qui était aussi en charge d'interviewer un des candidats les plus sérieux à la présidence du pays, le Dr Moncef Marzouki, le voilà avec la superbe idée de lui demander si elle cuisinait(sic). Je crois que là on peut facilement écrire une thèse sur les différentes explications à cette question existentielle, en commençant par la simple misogynie jusqu'à la simple débilité profonde!
Vous croyez que c'est une exception? Non, loin de là, essayez juste de suivre en entier une conférence de presse d'un responsable Tunisien: aucune qualité dans les questions, ils colportent des rumeurs et veulent que les responsables y répondent, n'ont aucune connaissance du domaine en question, font du populisme, on n'arriverait jamais à les distinguer d'un simple citoyen à qui on a demandé de poser une question à un responsable.
Je crois que c'est surtout du au fait, que ces même journalistes, dépassés pendant la révolte par les "citoyens-journalistes", ont cru bon -au lieu d'essayer de s'améliorer- de niveler par le bas, de récupérer leur questions et leurs analyses chez les facebookers et les twitteurs. S'il est compréhensible que 23 ans de censure ait fait autant ravages, il est inadmissible qu'ils n'essayent pas de se libérer chaque jour un peu plus, mais malheureusement c'est exactement cle contraire qui est entrain de se passer !
Au delà des conférences de presse, nos chères journalistes ont aussi la lourde tâche d'interviewer les hommes politiques, qu'ils soient de l'opposition qui a refusé de participer au gouvernement transitoire, celle qui a accepté ou bien ceux du RCD, et on ne peut être que désolés en voyant leur médiocres prestations, on a l'impression que personne n'a lu le moindre programme de ces hommes politiques (si si, ils ont des programmes), qu'ils n'ont aucune information fiable sur leur parcours, croient que leur alliances n'ont aucune importance, ils n'ont aucune vision à long terme ni de la politique ni de la société, jamais on verra un journaliste poser des questions sur les vrais clivages de la société, aux aboies, ils sont généralement dans la connivence et la sympathie, posent des questions incluant déjà les réponses, bref un désastre total !
Je lance donc cet appel aux journalistes:
- Bossez vos dossiers
- Renseignez-vous sur vos invités
- Ne posez pas de questions débiles
- Soyez objectifs
- N'ayez pas peur des hommes politiques
- Ayez une vision globale de la politique en Tunisie
- Posez les questions qui fâchent: celles qui obligent l'homme politique à affirmer ses choix et non celles qui fâchent tout court
J'en oublie certes des recommandations, mais n'oubliez pas que vous êtes désormais les "garants" de cette révolution quand tout le monde retournera à la normale, ne laissez pas les "citoyens-journalistes" faire votre travail, le quatrième pouvoir doit prendre ses responsabilités, sinon les cinquième sera dans l'obligation de bouger au risque de noyer encore plus l'économie déjà vacillante de ce pays!
à bon entendeur!